PIEBîEM, nos amis américains et l’évaluation américaine des effets climatiques des parcs éoliens offshore
Reuters International a publié une enquête écrite par une journaliste américaine sur l'opposition à l'éolien offshore dans différents pays- USA, France, Espagne, Australie – pour la France, PIEBîEM est abondamment mentionné. La partie la plus intéressante de nos échanges avec nos amis américains (outre le problème des ruptures de pales) concerne les évaluations du bilan climatique des parcs éoliens offshore par le BOEM (Bureau of Ocean Energy Management) : impact bénéfique mineur de la diminution nette des émissions de GES et des principaux polluants, pas d'impact collectif sur le réchauffement climatique à la suite des projets éoliens en mer, impact bénéfique modéré dans le contexte régional ; impact limité sur les émissions mondiales et le changement climatique... Or cette évaluation se situe dans le contexte d'une électricité encore largement fossile et huit fois plus émettrice en GES que la France.
Le programme éolien en mer en France n'a fait l'objet d'aucune évaluation climatique, absolument aucune, et par conséquent, les évaluations américaines suggèrent qu'il sera nettement négatif, en raison d'une substitution même partielle au nucléaire.
Nantucket – Bretagne même combat : nous sommes confrontés aux mêmes problèmes et à la même propagande.
Reuters International a publié une enquête écrite par une journaliste américaine sur l'opposition à l'éolien offshore dans différents pays- USA, France, Espagne, Australie – pour la France, PIEBîEM est abondamment mentionné. De fait, aux USA, l'opposition à l'éolien en mer, surtout sur la côte Est, augmente fortement au fur et à mesure que les parcs surgissent.
L'enquête est ce qu'elle est, la vision d'une journaliste américaine et nous ne prenons pas tout à notre compte, mais oui, nous confirmons que « Les reportages de Reuters révèlent que la coopération internationale entre les groupes représente un nouveau défi pour l'industrie, car elle permet à de nouveaux groupes d'opposition de s'appuyer rapidement sur des années de travail effectué par d'autres », et nous nous retrouvons aussi dans cette citation : « Nous souhaitons aller plus loin, par exemple avec des déclarations communes, et un meilleur impact médiatique, pour alerter l'opinion publique, a déclaré Eric Sartori, secrétaire de PIEBIEM ».
Nous confirmons que nous échangeons avec plusieurs groupes de la côte Est mentionnés dans l'article (Green Oceans lien , ACK4whales lien ) qui sont confrontés aux même problèmes que nous (des côtes pentues et des parcs éoliens proches des côtes, des coûts astronomiques, des menaces environnementales majeures, une industrialisation massive de la mer côtière, une absence de prise en compte des effets cumulés des parcs) et ont à faire face à la même propagande des promoteurs éoliens. La rupture en juillet 2024 d'une seule pale d'une seule éolienne du projet Vineyard Wind a servi de double avertissement : 1) un désastre environnemental et économique (plages fermées, activités nautiques stoppées en pleine saison estivale, des débris sur plus de 60km de littoral, la pêche arrêtée, les travaux de plusieurs parcs à l'arrêt) et 2) un échec technologique qui met en cause les éoliennes de forte puissance – et donc la rentabilité de l'éolien en mer.
Une partie de l'article s'est focalisée sur les évaluations environnementales qui sont réalisées aux USA par le BOEM (Bureau of Ocean Energy Management). Le sujet en vaut la peine, en particulier sur l'influence de l'éolien en mer sur le changement climatique lien vers l'enquête
Evaluation environnementales du BOEM- effets climatiques : impact bénéfique mineur, pas d'impact collectif sur le réchauffement climatique à la suite des projets éoliens en mer..
Pour le parc de Vineyard 1, le BOEM donne la conclusion suivante ( NB « action proposée » signifie le construction du parc de Vineyard 1)
« Dans le contexte des évolutions environnementales raisonnablement prévisibles, les émissions combinées de GES( Gaz à Effet de Serre) sur la qualité de l'air provenant des actions en cours et prévues, y compris l'action proposée, entraîneraient probablement un impact bénéfique mineur de la diminution nette des émissions de GES et des principaux polluants, y compris les précurseurs de l'ozone tels que les NOx, car les installations de type combustible fossile réduisent leurs opérations en raison de l'augmentation de la production d'énergie à partir de projets éoliens offshore. Dans l'ensemble, on s'attend à ce qu'il n'y ait pas d'impact collectif sur le réchauffement climatique à la suite des projets éoliens en mer, y compris l'action proposée seule, bien qu'ils puissent contribuer à une combinaison plus large de mesures visant à réduire les impacts futurs des changements climatiques. »
Original Anglais « In context of reasonably foreseeable environmental trends, the combined GHG emissions on air quality from ongoing and planned actions, including the Proposed Action, would likely result in a minor beneficial impact from the net decrease in both GHG emissions and criteria pollutants, including ozone precursors such as NOx, as fossil fuel type facilities reduce operations as a result of increased energy generation from offshore wind projects. Overall, it is anticipated that there would be no collective impact on global warming as a result of offshore wind projects, including the Proposed Action alone, though they may beneficially contribute to a broader combination of actions to reduce future impacts from climate change.
Vous avez bien lu ?? L'autorité américaine qui supervise les projets éoliens en mer admet concernant l'effet climatique : « impact bénéfique mineur, pas d'impact collectif sur le réchauffement climatique à la suite des projets éoliens en mer ».
Ah oui, il y a un correctif qu'on nous reproche de ne pas avoir cité : « bien qu' ils puissent contribuer à une combinaison plus large de mesures visant à réduire les impacts futurs des changements climatiques ». Disons que j'ai un peu de mal à citer ce que je ne comprends pas ! Quelles autres mesures ? Sobriété, stockage, autres sources de production électrique – nucléaire ? Ces autres mesures ont-elles besoins des parcs éolien en mer ? Mystère !
En annexe on trouve aussi quelques points méthodologiques, comme ceci sur le modèle utilisé pour calculer les émissions (AVERT) :
« Il faut reconnaître qu'il ne s'agit que d'une estimation générale des émissions potentielles évitées sur la durée de vie, et que le modèle Avert n'est pas en mesure d'apporter une quelconque certitude quant aux émissions évitées à long terme associées au projet (SFWF, H-15) »
Source : Vineyard Wind 1 Offshore Wind Energy Project Final Environmental Impact Statement
Parc au large du Maryland : Plus récemment, pour un parc dans le Maryland, le BOEM, sentant comme un léger problème, a légèrement modifié sa formulation :
« L'augmentation de la production d'énergie à partir de projets éoliens offshore pourrait réduire les émissions régionales de GES en remplaçant l'énergie dérivée des combustibles fossiles. Cette réduction pourrait plus que compenser les émissions de GES des projets éoliens offshore. De plus, cette réduction des émissions de GES serait perceptible dans le contexte régional, contribuerait à réduire les changements climatiques et représenterait un impact bénéfique modéré dans le contexte régional. Les projets éoliens offshore aux États-Unis auraient probablement un impact limité sur les émissions mondiales et le changement climatique, mais ils pourraient être importants et bénéfiques en tant que composante de nombreuses actions de lutte contre le changement climatique et faire partie intégrante de la réalisation des plans des États concernant le changement climatique.
Original anglais : Increasing energy production from offshore wind projects could reduce regional GHG emissions by replacing energy derived from fossil fuels. This reduction could more than offset the GHG emissions from offshore wind projects. Additionally, this reduction in GHG emissions would be noticeable in the regional context, would contribute to reducing climate change, and would represent a moderate beneficial impact in the regional context. U.S. offshore wind projects would likely have a limited impact on global emissions and climate change, but they may be significant and beneficial as a component of many actions addressing climate change and integral for fulfilling state plans regarding climate change.
Vous avez bien lu ?? impact bénéfique modéré dans le contexte régional ; impact limité sur les émissions mondiales et le changement climatique ; Et de nouveau l'évocation de nombreuses autres actions indéterminées ( lesquelles, ont-elles vraiment besoin des parcs off shore)
Et surtout un aveu qui résonne aussi en Europe : faire partie intégrante de la réalisation des plans des États concernant le changement climatique ; ce qui en clair signifie : remplir les obligations en termes d'énergies renouvelables… dont nous savons bien qu'elles ne sont nullement corrélées aux émissions de gaz à effet de serre, et, dans certains cas, agissent en sens inverse !
Et pour la France ?
Rappelons que ces évaluations américaines se situent dans un contexte d'électricité encore peu décarboné ( #400g CO2/kWh pour la côte est US contre 50 pour la France )
Le développement de l'éolien en France, sur terre et plus encore sur mer a été décidé sans qu'il n'y ait aucune évaluation sérieuse de son effet climatique, aucune, absolument aucune.
Et lorsque le ministère est interrogé à ce sujet, il ne peut que répondre de manière totalement, scandaleusement indigente après un long silence, par les chiffrages de l'Ademe (48g CO2/kWh pour le photovoltaïque, 18gCO2/kWh pour la biomasse, 14,8g CO2/kWh pour l'éolien en mer, 12,7g CO2/kWh pour l'éolien terrestre et 4g CO2/kWh pour l'hydroélectricité, contre 1001g CO2/kWh pour le charbon, 840g CO2/kWh pour le pétrole et 469g CO2/kWh pour le gaz) où ne figure même pas le nucléaire (3,7g CO2/kWh dans le contexte français) ! (question écrite posée par Mme La Sénatrice AC Loisier , Émissions réellement évitées par les énergies renouvelables électriques, Question écrite n°06667, lien Alors au vu des évaluation américaines qui, elles ont le mérite d'exister malgré la phraséologie quelque peu pénible du BOEM, il est parfaitement clair que si la production éolienne en France se substitue, même que très partiellement, au nucléaire, ses bénéfices climatiques ne seront ni faibles, ni incertains, mais à coup sûrs négatifs ! Ce qui est le cas !
Et ce n'est pas le pseudo bilan carbone du parc de Saint-Nazaire qui petmettra de répondre à la question, une véritable forgerie, avec des chiffres de référence en émission carbone grossièrement surestimés ( la pire année récente-2022 celle des problèmes sur le nucléaire), un facteur de charge surévalué et surtout l'absence de prise en compte de ce à quoi l'éolien se substitue réellement et de la nécessité d'un back-up thermique en période de pointe et de production éolienne déficiente. (cf note ci-jointe)