Pollution de la mer par l’éolien offshore : de sérieux risques écotoxicologiques sous-évalués faute de transparence de l’industrie éolienne
Une étude publiée dans Nature Partner Journals Ocean Sustainability lien a révélé que les produits chimiques utilisés pour protéger les aérogénérateurs des zones industrielles éolien en mer contre la corrosion libèrent des milliers de tonnes de métaux à une échelle inédite. Les dangers pour l'écotoxicité et même pour la santé humaine sont soulignés. La pratique de la colocalisation des parcs éoliens offshore et de diverses formes d'aquaculture est sévèrement mise en cause ; il faudra davantage mesurer, surveiller, réglementer et renoncer aux anodes sacrificielles.
Une forte pollution métallique suffisante pour créer une écotoxicité et même des dangers pour la santé humaine.
Une étude publiée dans Nature Partner Journals Ocean Sustainability a révélé que les produits chimiques utilisés pour protéger les aérogénérateurs des zones industrielles éolien en mer contre la corrosion libèrent « des milliers de tonnes de métaux tels que l'aluminium, le zinc et l'indium » chaque année, suffisamment pour atteindre des niveaux toxiques. Source Watson, G.J., Banfield, G., Watson, S.C.L. et al. Offshore wind energy: assessing trace element inputs and the risks for co-location of aquaculture. Ocean Sustain 4, 1 (2025). Lien
Avec les capacités actuelles de l'éolien en mer en Europe soit 30 GW, l'étude estime les apports annuels en métaux à 3219 t d'aluminium, 1148 t de zinc et 1,9 t d'indium. Pour le zinc, l'étude estime que les apports des parcs éoliens en mer dépasseront bientôt l'ensemble des apports en zinc de rivières et des fleuves et des pollutions directes via les rejets industriels.
Dans le cadre des plans d'expansion actuels des gouvernements, ces pollutions pourraient être multipliés par 12 d'ici 2050 (cf graphe) , ce qui soulève de sérieuses inquiétudes quant à l'accumulation potentielle de métaux dans les espèces marines comme les huîtres, les moules et les algues, qui sont également susceptibles d'être cultivées à proximité des parcs éoliens.
Cependant, en raison du manque de collaboration de l'industrie éolienne, il est impossible d'évaluer les concentrations de ces éléments traces dans l'eau et les sédiments dans et aux abords des parcs éoliens en mer par rapport aux seuils de toxicité, de sorte que les risques écotoxicologiques peuvent être sous-évalués.
Les chercheurs ont estimé que les quantités annuelles actuelles de métaux rejetés par les parcs éoliens offshore européens en exploitation étaient suffisamment élevées pour que, à proximité des parcs, lorsqu'ils seraient absorbés par les algues et les crustacés, « ils puissent dépasser les limites de sécurité pour la consommation humaine ». « Une telle accumulation dans les fruits de mer est une voie d'exposition humaine majeure », note l'étude, précisant en outre que « … des concentrations tissulaires élevées dans les huîtres, les moules et le varech… » pourraient « largement dépasser » « l'apport hebdomadaire tolérable » pour un adulte.
Une forte mise en cause de la colocalisation des parcs éoliens offshore et de l'aquaculture
De fait, l'accumulation de ces polluants métalliques dans les fruits de mer est une voie d'exposition humaine majeure, et cela, indiquent les chercheurs, remet en cause une pratique de plus en plus répandue, la colocalisation de diverses formes d'aquaculture avec les parcs éoliens offshore ; Des concentrations tissulaires élevées accumulées dans les huîtres, les moules et le varech au cours de l'élevage dans des zones proches des parcs contribueraient de façon significative à l'apport hebdomadaire tolérable d'un adulte, voire le dépasseraient significativement. En particulier, la consommation d'huîtres à forte teneur en zinc pourrait aisément dépasser l'apport hebdomadaire recommandé pour les adultes, ce qui présenterait des risques pour la santé humaine.
L'étude signale également que des organismes comme les moules bleues ont « une absorption modérée à prononcée de métaux, en particulier de baryum et de chrome provenant de la dégradation et l'érosion de surface des revêtements des pales et du matériau du noyau et que les conséquences de cette pollution ne doivent pas être sous-estimées. »
L'université de Portsmouth a ainsi mis en garde contre « l'implantation de fermes d'algues et de coquillages à proximité de parcs éoliens offshore, comme la première ferme d'algues à échelle commerciale colocalisée au monde en mer du Nord » (Par exemple, North Sea Farm 1, dédié à la production d'algues dans les espaces entre les éoliennes d'un parc éolien en mer situé au large du littoral néerlandais)
Mesurer, surveiller, réglementer et renoncer aux anodes sacrificielles
Les chercheurs concluent par l'importance de surveiller de près les produits chimiques rejetés par les parcs éoliens offshore, afin de surveiller et gérer leur impact environnemental. Ils réclament une surveillance plus complète de l'eau et des sédiments autour des parcs éoliens, l'utilisation de systèmes de protection contre la corrosion ayant moins d'impacts environnementaux, et des directives de surveillance strictes pour la colocalisation de l'aquaculture avec les parcs éoliens.
Une conclusion s'impose à tout le moins selon les auteurs de l'étude : le renoncement aux anodes sacrificielles comme méthodes de protection contre la corrosion.