PPE3 et éolien en mer : Interventions de David Lisnard et Raphaël Schellenberger et réaction du lobby ENR. La seule décision urgente à prendre est un moratoire sur l’éolien en mer !

25/04/2025

Parmi les interventions les plus récentes, David Lisnard et Raphaël Schellenberger ont mis en cause le programme éolien offshore insensé, sans étude d'impact, ultra subventionné. Jules Nyssen, président du Syndicat des Energies Renouvelables a en réponse sorti l'argumentaire habituel du lobby éolien qui a perdu toute crédibilité. PIEBîEM fait le point : 1) En déroute dans toute l'Europe et aux USA, les promoteurs éoliens veulent se refaire en France ; 2) une filière française ultra subventionnée de l'éolien en mer, c'est une rente de situation au détriment des industriels et des particuliers ; 3) les fausses promesses de l'emploi local ; 4) les côtes françaises peu favorables à l'éolien en mer ; 5) Pas de problème de réseau ? : vous tombez vraiment mal, M. Nyssen !; 6) les 40 milliards du raccordement de l'éolien en mer ; 7) Nous n''avons pas besoin de cette production ( Académie des Sciences) ; 8) La seule décision urgente, c'est un moratoire sur l'éolien en mer

1) David Lisnard : Emparons-nous de notre avenir énergétique L'opinion 

Extraits Eolien en mer : un objectif délirant de 50GW, sans évaluation sérieuse de leur utilité énergétique, coût réel, impact écologique et un lobby très efficace et bien subventionné

« La PPE3 prévoit un triplement de la production éolienne et solaire sans que soit posée la question de l'usage réel de cette électricité. Cette logique s'étend à l'éolien en mer, avec un objectif assez délirant de 50 GW installés d'ici à 2050 : une quarantaine de projets sont d'ores et déjà envisagés sur les façades atlantique et méditerranéenne, sans évaluation sérieuse de leur utilité énergétique, de leur coût réel ni de leur impact écologique et maritime, quand parallèlement le nucléaire manque de moyens de développement. Quelles sont les raisons et les influences de ce choix de l'éolien offshore ?

Alors que la France a exporté un volume record d'électricité de près de 100 TWh en 2024, dans un contexte de prix bas, voire négatifs, qui a contraint EDF à vendre à perte, produire davantage d'électricité intermittente résulte d'une logique d'offre déconnectée des besoins réels.

Elle alimente une filière largement subventionnée, dont l'influence croissante sur les choix énergétiques publics interroge, tant par ses relais dans l'administration que par les mécanismes de rente qu'elle consolide."

NB : sur les relais dans l'administration, cf notre fil d'actu relatant la nomination de Mathieu Monnier, lobbyiste principal de l'éolien en mer de France Renouvelable à RTE lien

« La France s'aligne sur une trajectoire énergétique dictée au niveau européen, fondée sur la montée des énergies renouvelables intermittentes et la marginalisation du nucléaire. Cette orientation est en contradiction flagrante avec les engagements réaffirmés par le Conseil de politique nucléaire du 17 mars dernier.

L'Académie des sciences elle-même s'en alarme, rappelant que notre électricité est déjà décarbonée à plus de 90 %, grâce au nucléaire et à l'hydroélectricité. Pourquoi désorganiser ce système en y imposant des sources intermittentes, coûteuses et dépendantes de composants et de technologies majoritairement voire quasi exclusivement chinois ? »

NB : sur la position de l'Académie des Sciences, cf. notre fil d'actu lien

2) Raphaël Schellenberger : PPE3 il y a urgence à agir … pour limiter le développement des renouvelables Le Figaro lien 

Ancien président de la Commission d'Enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la France, qui a dévoilé l'ineptie criminelle, l'irresponsabilité et l'antinucléarisme de nombre de nos anciens ministres, Raphaël Schellenberger est une voix écoutée dans le domaine de la politique énergétique. Dans l'article cité, il donne un cap et une méthode. 

Extraits "Urgence à agir pour réfléchir avant de voter, Repenser le calendrier des appels d'offre pour l'éolien en mer"

« Soyons clairs : la PPE3, dans sa version actuelle, ne répond ni aux attentes du pays ni à l'exigence du moment. Sa construction a souffert d'un déficit de méthode, mais aussi d'un cadre légal devenu illisible»,

Le député alsacien plaide pour la création d'une commission parlementaire mixte, qui pourrait être composée de 25 députés et 15 sénateurs pour élaborer un texte. Il vise notamment à «renforcer le rôle de contrôle du Parlement, qui sur des sujets aussi stratégiques que l'énergie, doit exercer pleinement ses missions de contrôle de l'action de l'État».

L'élu prône ensuite une mise en adéquation de la production à la demande électrique. Le déploiement du solaire, qu'il qualifie de «passager clandestin du système électrique français», ne devrait pas être accéléré. Comme d'autres, il invite à une réflexion sur l'association de l'installation de nouvelles capacités de production d'électricité photovoltaïque avec des moyens de stockage. L'Inde impose ainsi que les nouvelles installations solaires soient accompagnées de solutions de stockage représentant 10% de leurs capacités de production. Il appelle aussi à «repenser le calendrier des appels d'offres pour l'éolien en mer »( sans retombées concrètes pour l'économie française et sans réseau prêt à les accueillir, il vaut mieux retarder ces appels d'offres ) et à «clarifier le rôle du nucléaire dans notre futur énergétique. Les six premiers EPR2 visent à accroître la production électrique, tandis que le remplacement des réacteurs de première génération viendra dans un second temps, garantissant ainsi une part majoritaire et durable du nucléaire dans le mix électrique»

La réaction du lobby ENR ou quand Jules Nyssen ( Syndicat des Energies Renouvelables) commence à  paniquer lien 

L'idée simplement de repenser le calendrier des appels d'offre éolien en mer a mis en fureur le lobby ENR qui s'est fendu d'une très longue et alambiquée réponse qui témoigne d'un certain malaise, preuve que Raphaël Schellenberger a visé juste . Extraits concernant l'éolien en mer et nos réponses 

Jules Nyssen : « Toute l'industrie de l'éolien en mer est suspendue à la décision de lancement du 10ème appel d'offre, qui sera permis par la PPE3. Un report de cette procédure finira de décourager les investisseurs qui avaient misé sur le dynamisme du marché français malgré le trou d'air de ces dernières années. »

« En deux lignes, Raphaël Schellenberger raye le pacte éolien en mer signé par l'Etat en 2022, et condamne l'industrie qui porte ces projets et représente plus de 8000 emplois en affirmant « sans retombées concrètes pour l'économie française et sans réseau prêt à les accueillir, il vaut mieux retarder ces appels d'offres ». Cette affirmation est grave, car elle passe sous silence la réalité des retombées économiques observées sur le terrain et scrupuleusement mesurées chaque année par l'Observatoire des énergies de la mer. Alors que le France compte 4 des 12 usines européennes de composants, un très gros réseau de sous-traitants organisés en cluster, mobilise les chantiers de l'Atlantique pour les sous-stations en mer, prévoit de créer une usine de fabrication de câbles sous-marin, et que tout cet écosystème peut bénéficier d'un report vers l'UE des investissements bloqués aux USA par la politique de Donald Trump, n'est-ce pas marcher sur la tête ? Alors que la France a été à la pointe du combat à Bruxelles pour obtenir que le règlement NZIA permette enfin aux Etats membres de favoriser des offres européennes, et que l'appel d'offres 10 pourra donner à ce tissu industriel la visibilité dont il a tant nécessaire, n'est-ce pas irresponsable de plaider aujourd'hui pour un coup d'arrêt ? »

NB1) : Merci de cet aveu ! Les promoteurs éoliens en mer, industrie ultra subventionnée, en grande difficulté au Royaume Uni, aux USA, en Suède, au Danemark, en Allemagne, en Norvège où les annulations de parcs s'accumulent et où les appels d'offres peinent à trouver des candidats (RU,Allemagne ), voire sont totalement improductifs (Danemark) ont désespérément besoin des subventions françaises et de l'appel d'offre AO10. D'où la poussée très forte du lobby éolien pour un décret d'urgence avant même la PPE. PIEBîEM s'y oppose et demande aux députés de s'y opposer.

NB2) Quant à l'argument d'une filière française qui n'a aucune chance de se développer significativement tant des prix raisonnables pour l'éolien offshore imposent le choix de turbines en grande partie chinoise, que M Nyssen demande aux salariés de General Electric à Nantes et Montoir de Bretagne ce qu'ils en pensent lien  

De plus, créer une filière française ultra subventionnée, c'est créer une rente de situation au profit du lobby éolien et au détriment des industries qui ont besoin d'une électricité de base abondante, bon marché, pilotable, disponible 24h/24- les processus industriels ou le numérique ne supportent pas l'intermittence ! Et ces industriels partiront de plus en plus, comme ils ont déjà commencé à le faire. C'est en fait la voie de l'électricité chère, et de la désindustrialisation renforcée,

NB3) Le NZIA ne permettra pas de déroger aux réglementations de l'Organisation Mondiale du Commerce , et spécifiquement en ce qui concerne l'éolien en mer. Comment l'Union Européenne pourrait-elle défendre en Europe des dispositions qu'elle attaque devant l'OMC lorsque d'autre pays veulent y avoir recours comme à Taiwan ou au Royaume-Uni ? Quant aux fameux critères de résilience, ils se contentent de spécifier qu'il ne faut pas dépendre pour les fournisseurs d'une seule usine, ou éventuellement d'un seul pays et ne constituent nullement une garantie de contenu local lien

Jules Nyssen :  « N'oublions pas non plus que l'éolien offshore est une composante fondamentale de la consolidation de notre capacité de production électrique future. »

"Quant à son intégration dans le réseau, elle structurellement liée à la stratégie de renforcement global de celui-ci qui vise 4 objectifs : remise à niveau, adaptation au changement climatique, raccordement de nouveaux sites de consommation (notamment sans les zones industrielles les plus polluantes), raccordement de nouveaux moyens de production, nouveau nucléaire inclus. Aucun de ces objectifs ne peut être séparé des autres. Et actuellement, c'est plutôt le développement des parcs qui prend du retard par rapport aux capacités d'accueil déjà en place dans le réseau ou à venir."

NB4) Les côtes française, rocheuses et pentues, ne sont nullement favorables au développement de l'éolien en mer qui impose soit de l'éolien posé proche des côtes (20 km en moyenne contre plus de 40 km en Europe du Nord) avec maximisation des atteintes paysagères, à la biodiversité côtière et des conflits d'usage avec la pêche, le tourisme, le nautisme...), soit de l'éolien flottant, mais avec une technique non mature et des coûts exorbitants.

NB5) Pas de problème de réseau : vous tombez vraiment mal, M. Nyssen ! Lorsqu'il y a du vent, il y a maintenant de très fortes surproductions éoliennes dans toute l'Europe et les effets en sont catastrophiques : production à perte ( record à -12000 €/MWh le 2 mars 2025 selon Montel News) et forte compensation versée aux promoteurs éoliens pour qu'ils daignent arrêter leur production comme pendant pratiquement tout le début du mois d'avril 2025. Et ce n'est pas tout, d'ores et déjà la stabilité du réseau confronté à ces productions indésirables est mise en péril : avertissement du 11 avril 2025 « RTE est actuellement confrontée à une situation extrêmement tendue pour assurer sa mission de service public de gestion de l'équilibre offre/demande en temps réel ce qui rend l'usage des offres d'ajustement insuffisant quasiment quotidiennement et l'amène a émettre des messages de mode dégradé pour in fine devoir recourir à des moyens post marché exceptionnels et coûteux. »

NB6) L'adaptation du réseau à l'éolien offshore est chiffré à 40 milliards d'euros ( légèrement plus des 37 revendiqués qui ne prennent pas tout en compte). C'est énorme !

NB7) Nous n'avons pas besoin de cette production variable fatale : Comme rappelé notamment récemment par l'Académie des Sciences dans ses déclarations : " Avec des besoins en électricité de 508 TWh en 2035, aucune capacité supplémentaire de production électrique ne serait alors nécessaire, la production actuelle étant suffisante. Pourquoi, alors, envisager 200 TWh d'énergies renouvelables (EnR) supplémentaire." … "L'Académie des sciences déconseille un développement précipité et massif des sources d'énergie non pilotables sur la base de prévisions de consommation surestimées."

La seule décision urgente à prendre, c'est un moratoire sur l'éolien en mer !