PPE3 : Les positions de Patrimoine Nucléaire et Climat

01/12/2024

Préparation de la PPE3 : M. Bernard Accoyer, Président  de Patrimoine Nucléaire et Climat, a publié deux articles remarquables dans l'Opinion lien  et dans le Point lien . Il y dénonce une politique énergétique inquiétante qui persiste dans le projet de PPE3, trop d'ENR et pas assez de pilotables avec pour conséquences l'envol inéluctable du prix de l'électricité, la désindustrialisation et l'effondrement économique ; ceci dû à un lobby des renouvelables omniprésent dans l'appareil d'Etat, comme le prouve la nomination de l'ancien lobbyiste éolien en mer de France Energie Renouvelables à RTE. Le développement rapide et massif des EnRi est devenu question idéologique qui, échappe à toute rationalité et se fait sous pression allemande « sans recherche d'un optimum technique, financier et climatique »

Energie : un lobby des renouvelables omniprésent (L'opinion, lien 

Trop d'ENR, pas assez de pilotables : conséquences : la désindustrialisation et l'effondrement économique

En moins de quinze ans, la France a perdu douze gigawatts d'énergie pilotable. Or, elle mise énormément sur les renouvelables s'inquiète Bernard Accoyer, président de PNC-France

« Je trouve inquiétant le projet de PPE3. Il fixe en effet des objectifs très ambitieux pour les énergie renouvelables. D'ici à 2035, l'électricité produite par les éoliennes terrestres doit passer de 24,3 GW à 40-45 GW, celle des éoliennes marines de 3,6 GW à 18 GW et celle du photovoltaïque de 19,3 à 75 GW ! »

« De manière générale, les ENR nécessitent des investissements considérables, notamm3ent dans les batteries, les réseaux… On estime par exemple à un milliards d'euros le oût de raccordement d'un champ d'éolien offshore, financé par le TURPE ( le tarif de transport d'électricité), c'est-à-dire par l(ensemble des consommateurs. Lancer des appels d'offre dans l'éolien flottant alors que les technologies ne sont pas matures est préoccupant . Si elles sont trop abondantes, les ENR, qui sont prioritaires sur le réseau, le déstabilisent et risquent de mettre à l'arrêt le nucléaire… ( NB ce qui s'est effectivement produit, voir notre rapport lien https://piebiem.webnode.fr/l/rapport-rte-sur-la-flexibilite-les-tabous-tombent/)

En moins de quinze ans, la France a déjà perdu 12GW d'énergies pilotables, cela nous met en position de fragilité puisque les ENR sont justement intermittentes. Si elles deviennent prépondérantes, la stabilité du réseau est en jeu. RTE insiste désormais sur la nécessaire flexibilité de la demande , mais les besoins d'un datacenter et d'une partie de l'industrie ne sont pas flexibles… »

« Notre crainte est que la baisse de la demande ne soit un argument pour ne pas annoncer 8 réacteurs supplémentaires au-delà de la série de 6 qui va être lancée… La PPE manque absolument de volontarisme sur le sujet du nucléaire… Or cette première série ne suffira absolument pas à satisfaire nos besoins, sauf à imaginer une France décroissante, mais je crains que cela ne soit devenue l'idéologie dominante dans certaines administrations, chez RTE et même à la CRE »

NB : le lobby des renouvelables omniprésent dont parle M. Accoyer, cela vient de recevoir une confirmation éclatante avec le passage de Mathieu Monnier de France Renouvelable (où il était chargé de l'éolien en mer à RTE où il devient directeur adjoint du développement stratégiqueoù il sera notamment chargé du raccordement des parcs éoliens en mer cf notre bille

Le prix de l'électricité est un enjeu crucial (Le Point, lien )

Extraits : « Le développement rapide et massif des EnRi se fait sans recherche d'un optimum technique, financier et climatique

« Soyons lucides : la France et l'ensemble de l'Union européenne se désindustrialisent et leurs citoyens s'appauvrissent. L'industrie handicapée par le coût de l'énergie perd en compétitivité. Par rapport aux États-Unis, à l'Asie, à l'Inde, le prix du gaz est quatre à cinq fois plus élevé, et l'électricité deux à trois fois plus chère alors qu'elle est la clé de notre décarbonation,

Il semble donc évident qu'il faut maîtriser le prix de notre énergie, tout particulièrement le prix de l'électricité, seule énergie que nous pouvons produire sur notre sol. Malheureusement, en l'état de leurs projets énergétiques, ni l'Union européenne (UE) ni la France ne pourront faire baisser durablement le prix de l'électricité ni même en empêcher la hausse »

« En France, le nucléaire est sommé de faire varier brutalement la production de ses réacteurs, ce qui n'est pas sans conséquence technique et financière. C'est ce choix de l'Allemagne pour son mix électrique (EnRi plus fossiles) que l'UE cherche à imposer aux États membres qui est la cause principale de la hausse du prix de l'électricité »

« Le développement rapide et massif des EnRi se fait sans recherche d'un optimum technique, financier et climatique. C'est d'autant plus surprenant que ces EnRi sont largement subventionnées, bénéficient d'une priorité d'accès au réseau, d'une obligation d'achat à prix fixe pouvant atteindre plusieurs fois le prix moyen du marché. Tandis que les variations de production créent une instabilité permanente du prix, qui oscille entre des niveaux stratosphériques (plusieurs milliers d'euros le mégawattheure) et des montants négatifs… où les producteurs d'EnRi sont payés pour ne pas produire et les consommateurs sont payés pour ne pas consommer. In fine, c'est le consommateur qui paye tout. »

« Le coût des renouvelables : une inconnue

Le prix complet et réel de l'électricité produite par les EnRi et acheminée au consommateur est inconnu, c'est presque un tabou. Or les EnRi nécessitent des investissements considérables qui se chiffrent en centaines de milliards d'euros : raccordement, en particulier de l'éolien en mer, stockage et flexibilité, lignes nouvelles d'autant plus nombreuses que la production est disséminée dans d'innombrables points. En outre, avec la montée des productions intermittentes d'électricité, la stabilité du réseau, c'est-à-dire la sécurité d'approvisionnement, est de plus en plus malmenée puisqu'à tout moment la production doit être égale à la consommation.

Pour pallier ce déséquilibre et l'intermittence, le développement du stockage d'énergie et de la flexibilité de la consommation est annoncé. Mais, pour le stockage, les technologies et capacités à un coût abordable ne seront pas disponibles avant longtemps. Quant à la flexibilité, elle conduit à envisager d'imposer aux consommateurs de s'adapter aux variations de la production. Autant dire qu'avec cette révolution tout objectif industriel de compétitivité devient illusoire. »

Merci à M. Accoyer de ce courage et de cette lucidité !

NB Comment en effet s'étonner que l'électricité atteint des coûts insupportables pour le particulier, pour les artisans, pour les industriels quand le parc éoloien en mer Saint-Nazaire produit de l'électricité à 143,6 €/MWh et Saint-Brieuc tout juste inauguré à 180 €/MWh que l'Etat leur achète à ce prix même lorsque la valeur de l'électricité générée est nulle voir négative, parce que personne n'en a besoin ?