PPE3 Programmation pluriannuelle de l’énergie : le Cérémé demande un moratoire sur les ENR
Puisque Ferracci en partance réclame que la PPE soit « en haut de la pile » du gouvernement Lecornu et qu'il continue jusqu'au but à servir fidèlement le lobby des renouvelables sur l'urgence à publier le décret PPE3, nous, on continue aussi. Remarquable tribune du Cérémé dans Le Figaro (26 août) lien : 1) L'investissement massif dans l'éolien ne sert à répondre qu'aux exigences du lobby éolien ; 2) 6 millions d'euros par emploi créé, en vue de produire une électricité intermittente dont le besoin n'est pas avéré ; 3) Les subventions à l'éolien, accordées sans étude d'impact, ne font que créer une rente de situation aux promoteurs éoliens au détriment des consommateurs et des industries ; 4) Les ENR intermittentes variables représentent déjà en puissance installée l'équivalent de 45 réacteurs nucléaires , et bientôt, si la PPE3 est poursuivie, de 85 réacteurs nucléaires… PIEBÎEM rappelle son soutien au moratoire ENR proposé par les Gueux.
Excellente tribune du Président du Cérémé dans le Figaro. publiée sous le titre énigmatique Programmation pluriannuelle de l'énergie : le gouvernement réinvente les «ateliers nationaux » lien . Extraits:
1) L'investissement massif dans l'éolien ne sert à répondre qu'aux exigences du lobby éolien
« L'investissement massif dans l'éolien prévu par le projet de décret PPE3 s'explique moins par les besoins de production en électricité que par les exigences des industriels du secteur, estime le président du Cérémé. Un investissement discutable qui rappelle les ateliers nationaux de 1848.
Confronté à un fort chômage après la révolution de 1848, le gouvernement provisoire décida de créer des ateliers nationaux, qui embauchèrent jusqu'à 100.000 chômeurs, payèrent les salaires avec le budget de l'État et les employèrent principalement à l'amélioration des infrastructures ferroviaires. L'expérience prit fin au bout de quatre mois, débordée par l'afflux de candidats et victime d'un changement de majorité politique.
Quand le ministre de l'Énergie défend l'urgence du projet de décret de programmation pluriannuelle de l'énergie, non pour les besoins d'une France en surproduction durable d'électricité (voir graphe) mais parce que « la filière industrielle » a besoin de la garantie de l'État pour se développer, il réinvente des « ateliers nationaux de l'énergie ».
2) 6 millions d'euros par emploi créé, en vue de produire une électricité intermittente dont le besoin n'est pas avéré
« Concrètement, le projet de décret PPE3 prévoit d'engager la garantie financière de l'État pour 13,4 GW d'éolien en mer et 4 GW à terre, ce qui représente près de 60 milliards d'euros d'investissement, raccordements compris. Avec à la clé, nous dit-on, 10.000 emplois, de montage principalement, car tous les équipements essentiels sont importés.
Cela revient à demander au contribuable et au consommateur d'électricité d'accepter de garantir pour vingt ans la rentabilité d'investissements de 6 millions d'euros par emploi créé, en vue de produire une électricité intermittente dont le besoin n'est pas avéré ! On peut discuter du détail des chiffres mais pas des ordres de grandeur. »
3) Les subventions à l'éolien, accordées sans étude d'impact, ne font que créer une rente de situation aux promoteurs éoliens au détriment des consommateurs et des industries
« On ne peut qu'être choqué de la légèreté avec laquelle des fonds publics vont être alloués à une filière de pur montage d'équipements importés, sans aucune analyse préalable de marché, de concurrence et d'avantage compétitif, qui donnerait la possibilité de mesurer les chances que ces dizaines de milliards de commandes publiques permettent le développement à long terme d'une industrie d'équipements compétitive, localisée en France, exportatrice et qui ne soit pas balayée par la concurrence chinoise, ou celle des quelques industriels non chinois, qui dominent de manière écrasante les marchés mondiaux de l'éolien et des panneaux photovoltaïques. C'est sans doute parce que la conclusion va de soi que les services du ministère de l'Industrie ont renoncé à faire ce type d'analyses.
Au-delà de quelques milliers d'emplois temporaires de montage, les milliards engouffrés dans l'éolien et le solaire ne préparent en réalité aucun avenir industriel à long terme pour la France. Pire, ils vont doublement manquer aux vraies industries d'avenir car, sous l'effet de ces nouveaux « ateliers nationaux », les dotations budgétaires de France 2030 vont se réduire encore et le prix de l'électricité payé par les entreprises va continuer d'augmenter.
4) Les ENR intermittentes variables représentent déjà en puissance installée l'équivalent de 45 réacteurs nucléaires , et bientôt, si la PPE3 est poursuivie, de 85 réacteurs nucléaires
Ceux de nos concitoyens qui ont encore une image positive de l'éolien et du solaire savent-ils que la France est déjà suréquipée en panneaux photovoltaïques et en éoliennes terrestres ou maritimes ? Que, lorsque le vent souffle et le soleil brille, leur capacité totale est déjà équivalente à la puissance de quarante-cinq réacteurs nucléaires. Et que si les préfets autorisent tous les projets en instruction, il y en aura l'équivalent de quarante réacteurs en plus ? Comme le signalait une haute autorité de l'État dans l'énergie, pour tirer la sonnette d'alarme, avec une puissance potentielle solaire et éolienne équivalente à quatre-vingt-cinq réacteurs nucléaires, l'électricité qui va se déverser sur le réseau forcera l'arrêt de tout ou partie des cinquante-six réacteurs en fonctionnement ! Et ceci sans inclure les nouveaux champs que le projet de décret PPE3 prévoit d'ajouter.
En un mot, trop d'électricité éolienne et solaire ne sert à rien dans un pays dont l'électricité est déjà surabondante et décarbonée à 90 %. Lancer prématurément et à grande échelle de nouveaux projets, sans avoir apporté la preuve de leur urgence, ni de leur utilité économique est injustifiable.
PIEBÎEM : Merci à Xavier Moreno et au CéRéMé qui joue remarquablement son rôle de think tank sur les problèmes énergétiques Nous rappelons que, selon les préconisations de l'Académie des sciences exprimées notamment dans son cahier d'acteur PPE3 : « Avec des besoins en électricité de 508 TWh en 2035, aucune capacité supplémentaire de production électrique ne serait alors nécessaire, la production actuelle étant suffisante. Pourquoi, alors, envisager 200 TWh d'énergies renouvelables (EnR) supplémentaire. … L'Académie des sciences déconseille un développement précipité et massif des sources d'énergie non pilotables sur la base de prévisions de consommation surestimées. ». ( vf notre fil d'actu PPE3 : Mobilisation entrainée par l'Académie des Sciences contre un décret et un texte absurdes lien
C'est la raison pour laquelle PIEBÎEM a soutenu l'amendement des Gueux à 300 milliards d'euros pour un moratoire immédiat sur les ENR lien https://piebiem.webnode.fr/l/piebiem-soutient-l-amendement-moratoire-des-gueux-aux-300-milliards-adresse-aux-deputes/
NB Juste avant d'éventuellement partir, le ministre de l'énergie Ferracci continue à servir fidèlement le lobby ENR : « Le ministre de l'Énergie sortant Marc Ferracci assure vouloir faire en sorte que le texte stratégique et sensible de la programmation énergétique, retardé cet été, "soit en haut de la pile, qu'il soit "reconduit ou non", a indiqué mercredi son entourage à l'AFP.
Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a "alerté" le nouveau Premier ministre sur l'urgence à publier ce texte dans un communiqué mercredi saluant sa nomination à Matignon. Sa publication "rapide" est "cruciale pour apporter de la visibilité aux filières et garantir la sécurité et la souveraineté énergétique de notre pays", (SIC !!!!!) lien
Alors, nous, on continue donc sur la PPE3 !