Première étude sur les risques environnementaux spécifiques des éoliennes flottantes : merci à Josep Lloret

29/03/2025

Le Dr Josep Lloret (biologiste marin de l'Institut de Ciències del Mar (CSIC), Passeig Marítim de la Barceloneta 37–49, Barcelona)a publié dans Marine Policy la première étude spécifique sur les dommages environnementaux des éoliennes flottantes. Il en ressort que celles-ci font peser des dangers spécifiques ou aggravés sur plus de 135 espèces animales diverses, dus notamment aux bruits et vibrations en fonctionnement, aux dangers des câbles ( risques d' enchevêtrement) et aux agressions des systèmes d'ancrage sur les fonds marins . lien

Ces dangers spécifiques sont notamment dus :

1) aux bruits et vibrations en fonctionnement (désorientation des cétacés)

« Le bruit continu des zones éoliennes flottantes peut avoir un effet de masquage important, car sa fréquence coïncide avec les plages d'audition et de vocalisation de nombreuses espèces de poissons. Pendant la phase de fonctionnement des éoliennes offshore flottantes, des bruits liés à l'amarrage sont produits en plus du bruit continu. Ce bruit lié à l'amarrage comprend des sons impulsifs ou transitoires, qui deviennent plus prononcés lorsque la vitesse du vent est plus élevée… Les mammifères marins, en particulier, en raison de leur dépendance au son pour la communication et la navigation, sont probablement les plus touchés… . De plus, l'augmentation du trafic maritime associée peut perturber et déplacer les mammifères marins et les tortues de leurs habitats essentiels »

2) à un effet barrière plus prononcé

« Les zones éoliennes flottantes, en raison de leur conception avec des amarres et des câbles, occupent un espace dynamique plus étendu dans la colonne d'eau que les turbines à fond fixe… Étant donné la complexité des déplacements de nombreuses espèces marines, caractérisées dans certains cas par la fidélité au site, il est essentiel d'évaluer les écosystèmes marins locaux avant la mise en œuvre de la zone éolienne flottante… »

3) à des risques primaires ou secondaires d'enchevêtrements dans des câbles.

« Les risques d'enchevêtrement, associés aux lignes d'amarrage et aux câbles suspendus sous l'eau, représentent une différence clé entre les zones éoliennes fixes et flottantes. le risque pourrait augmenter avec le nombre croissant de projets comportant un nombre croissant de turbines, chacune équipée de lignes d'amarrage et de câbles électriques… Le risque n'est pas limité aux installations elles-mêmes, mais aussi aux débris qu'elles peuvent laisser échapper : c'est l'enchevêtrement indirect

4) Remise en suspension des sédiments : vulnérabilité spécifique des herbiers, algues, coraux…

« Notamment, la flore, y compris les herbiers marins et les algues, et les organismes non mobiles tels que les invertébrés benthiques sont très vulnérables aux panaches de sédiments en raison de leur incapacité à s'échapper, ce qui entraîne un impact potentiel élevé… »

5) Comportement spatial attractif : le pire danger est l'effet de l'attraction lumineuse sur les oiseaux

« L'attraction des espèces sensibles vers les zones éoliennes est un problème comportemental principalement lié à la présence d'éclairage artificiel sur l'infrastructure. L'attraction des oiseaux pour la lumière artificielle, un phénomène bien documenté, présente des risques particuliers pour les zones éoliennes flottantes…La désorientation se produit lorsque les oiseaux modifient leurs trajectoires de vol près de la source lumineuse, tournant souvent autour de la source lumineuse pendant de longues périodes. Ce comportement augmente le risque de collision avec les éoliennesDes chauves-souris ont été signalées au large comme attirées par des sources lumineuses, mais des facteurs et des réponses spécifiques restent incertains. »

6) L'éolien flottant, de l ' « effet récif » au « piège écologique » -un risque accru

« Dans les zones éoliennes nouvellement construites (c'est-à-dire un environnement dégradé), cette attraction vers des habitats sous-optimaux, connue sous le nom de piège écologique, peut détériorer l'état des stocks de poissons et avoir des conséquences écologiques négatives. Les zones éoliennes flottantes peuvent agir comme des dispositifs de regroupement de poissons et peuvent toujours fonctionner comme des pièges écologiques… »

7) Comportement spatial d'évitement : fragmentation des milieux écologiques

« L'évitement des zones éoliennes flottantes par les oiseaux de mer est bien documenté… Cet évitement peut avoir des coûts énergétiques importants, surtout si les parcs éoliens perturbent le chemin entre les sites de repos et de nidification des oiseaux de mer et les aires d'alimentation »

8) Pollution chimique : on n'industrialise pas impunément - ! - vers le retour des marées noires ?

« La pollution chimique est une préoccupation importante, en particulier pour les espèces sensibles. Les espèces ayant une longue durée de vie et des niveaux trophiques élevés sont particulièrement vulnérables en raison du potentiel de bioaccumulation et de bioamplification… L'expansion des installations offshore augmente le risque de pollution accidentelle par des facteurs tels que le trafic maritime et les fuites de machines… »

9) Modifications de l'habitat : dangers spécifiques de l'éolien flottant pour les coraux, les herbiers, les algues, le maërl…

« Le mouvement de la plate-forme flottante, induit par le vent et les vagues, crée une empreinte d'amarrage, où la ligne d'amarrage se déplace continuellement sur le fond marin, endommageant les habitats de fond et les espèces associées et produisant une remise en suspension des sédiments qui peut affecter les habitats voisins… Les dommages causés à l'habitat de fond sont considérés comme d'une étendue temporelle permanente en raison de la période de rétablissement prolongée requise pour les zones de fond marin touchées, qui peuvent prendre des décennies ou plus pour revenir à leur état initial

10) Processus océanographiques (diminution du vent, structuration des colonnes d'eau, courantologie…) : des perturbations maximisées

« Les zones éoliennes flottantes peuvent affecter de manière significative les processus océanographiques, qui sont cruciaux pour la dynamique écologique car ils influencent la disponibilité des nutriments et les habitats thermiques. Les principales façons dont cet impact se produit sont les suivantes : l'extraction du vent, la réduction du stress du vent de surface et la modification de la turbulence de la colonne d'eau

La zone éolienne flottante Bretagne sud est une quadruple aberration (climatique, économique électrique, environnementale) et un crime contre une nature exceptionnelle d'une beauté insurpassable : rien que pour les fonds marins : bancs de coraux lien , maërl et herbiers de zostères lien ; pennatules et et haploops lien 

Il faut arrêter la zone éolienne Bretagne sud ! 

Lien vers la publication de Lloret lien, cf note complète en PJ