Quand RTE jette un pavé dans la mare au Colloque du Syndicat des Energies Renouvelables

26/09/2024

Le Syndicat des Energies Renouvelables ne s'en est pas vanté, mais l'intervention du patron de RTE lors de son XXVème colloque a été un véritable pavé dans la marre, conforme à ce que PIEBÎEM ne fait qu'annoncer depuis quelques temps et qui va bouleverser l'économie déjà fragile des "renouvelables". Les exigences de sécurité d'alimentation ne sont tout simplement pas compatibles avec un pourcentage trop élevé d'Energies Fatales Intermittentes.  Les critiques et propositions de RTE ( manque de transparence, fin de l'obligation d'achat, écrêtement en cas de surproduction, participation aux services réseau) amènent vers la vérité des coûts réels et totaux des Energies Fatales Intermittentes et cela  devrait changer beaucoup de choses, en particulier pour l'éolien en mer.

Extraits de l'intervention de M. Piechaczyk (Président de RTE) :

Les ENR « Les ENR sont devenues un acteur majeur du système électrique, il faut que demain, elles aient les mêmes droit et les mêmes devoirs que les autres moyens de production »

Les ENR devront écrêter, volontairement ou non : « Pour assurer la sécurité du système électrique, RTE, sous sa casquette de responsable d'équilibre a ordonné le 16 juillet à 14 heures l'arrêt de quatre parcs renouvelables de forte puissance (les trois parcs éoliens offshore et la centrale photovoltaïque de Cestas) représentant 1050 MW… Pour éviter d'en arriver à de telles décisions… le gestionnaire de réseau pour plaide pour une évolution des règles s'appliquant aux énergies renouvelables «

Le manque de transparence des ENR : « Le gestionnaire de réseau a tout d'abord besoin de mieux connaître les prévisions de courbes de charge. Or on n 'a pas aujourd'hui la programmation de production des énergies renouvelables… Cette incertitude ne facilite pas la gestion de l'équilibre »

« Le nombre d'épisodes de prix négatifs est en forte hausse. Au premier semestre 2024, il y a eu 233 heures à prix négatifs contre 53 à la même période l'année précédente… deux journées à prix moyen négatif ont été enregistrées les 6 avril et 15 juin, ce qui ne s'était produit qu'à quatre reprises depuis 2001 »

Fin des obligations d'achats : « 24 GW d'installations éoliennes et photovoltaïques (sur un parc total de 44 GW) sont sous obligation d'achat. Elles ne sont donc pas incitées à moduler leur production en fonction des besoins et de l'état du système électrique déplore RTE. Ce dernier plaide donc pour une généralisation du mécanisme du complément de rémunération pour les nouvelles installations et pour une incitation de modulation à la baisse pour les plus grandes installations sous obligation d'achat »

Les compléments de rémunération ne règlent pas le problème de la stabilité du système électrique : « Mais le complément de rémunération comporte lui aussi un biais… Les parcs s'arrêtent brutalement quand les prix deviennent négatifs. Quand vous perdez 5 GW de production en quelques minutes, c'est trop brutal. »

« Le président de RTE plaide donc pour une meilleure participation des énergies renouvelables aux différents services systèmes, voire une obligation de participation pour les plus grands parcs. Ainsi, seulement 500 MW de parcs renouvelables participeraient au mécanisme d'ajustement, 300 MW aux services fréquences et quelques installations aux services sur la tension. »

Donc, comme PIEBÎEM l'a annoncé à plusieurs reprises, les Energies Fatales Intermittentes en France vont être priées de gérer leurs externalités négatives dont elles refilaient la note jusqu' à présent au nucléaire (cf nos fils d'actu). Est-ce seulement possible, à quel coût et qui paiera, c'est encore très vague. La seule certitude, c'est que la vérité des coûts réels et totaux des Energies Fatales Intermittentes va apparaître et que ça devrait changer beaucoup de choses. Surtout pour l'éolien en mer, le plus massif et de loin de le plus cher. Lien