RTE bilan 1er semestre 2024 : Quand RTE veut effacer les renouvelables fatales, et particulièrement l’éolien en mer, de gré ou de force…

26/08/2024

Le traditionnel bilan semestriel de RTE pour le premier semestre 2024 est riche d'enseignements. La production nucléaire est de retour et bat des records de production, d'exportation et de prix bas ; l'augmentation des productions fatales ( non maitrisables) massives comme l'éolien en mer pose de sérieux problèmes de stabilité du système. Les ENR fatales devront renoncer à l'obligation d'achat et accepter l'arrêt de leur production en cas de production surabondante, soit volontairement (incitation), soit contraints par RTE- ce que RTE a fait le 16 juillet 2024 pour un parc éolien en mer. C'est un véritable changement de paradigme qui rement radicalement en question l'équilibre économique déjà acrobatique de l'éolien en mer.

1) Quand le nucléaire va, va tout va !

La production d'électricité poursuit son rétablissement après les crises de 2020 et 2022 : elle atteint son plus haut niveau depuis 2019, avec 272 TWh produits à mi-année. La production nucléaire continue de remonter après l'épisode de corrosion sous contrainte, en hausse de 12 % par rapport à l'an passé (+19,1 TWh). Elle constitue le premier facteur d'augmentation, avec une production de 177 TWh, soit une augmentation de 19 TWh par rapport à la même période en 2023.

Au premier semestre 2024, la France a battu son record d'exportations nettes, avec 43 TWh nets (contre 18 TWh l'année dernière à la même période) vers les pays voisins. C'est proche de la consommation annuelle d'un pays comme le Portugal. Au cours du premier semestre, la France a été exportatrice nette tous les jours, même pendant l'hiver. Si cette tendance se poursuit au second semestre, le record d'export net annuel datant de 2002 (77 TWh) sera battu.

Autre conséquence positive : les prix sur les marchés de gros en France (spot et à terme) sont redevenus parmi les plus bas d'Europe. Voilà!

2) Quand le renouvelable fatal arrive, les problèmes commencent !

La production renouvelable s'accroît progressivement, avec une production de 25,5 TWh pour l'éolien et de 11,4 TWh pour le solaire (qui a pour la première fois égalé la production thermique fossile). La puissance maximale produite a atteint 18 GW le 22 février pour l'éolien terrestre et près de 15 GW le 10 mai pour le solaire.

Et justement, cette production yoyo et ces afflux de production fatale non corrélés à la demande commencent à créer des problèmes auxquels RTE est contraint de remédier de manière plus ou moins forte. Alors quelles solutions ?

1) La flexibilité : « Pour faciliter l'intégration des énergies renouvelables dans le système, le développement de nouvelles flexibilités (notamment flexibilités de la demande et stockage) doit constituer une priorité ». Ok, donc on devine que la demande va devoir s'adapter à la production (jusque-là, on essayait plutôt de faire l'inverse), mais, tant pour les particuliers et plus encore pour les industriels, les limites seront vite atteintes, sauf à mettre en place des mesures liberticides. Mais surtout…

3) Les énergies fatales vont devoir s'arrêter de produire en cas d'excès sur le réseau, volontairement ou non…

Extrait : « Durant les périodes de forte production, tous les moyens de production doivent pouvoir moduler leur production à la baisse…

La modification désormais rapide des modes de fonctionnement du système électrique, et les projections réalisées pour les prochaines années… plaident pour que (i) les nouvelles installations soient désormais développées en priorité sous le régime du complément de rémunération et (ii) les installations ayant les tailles les plus importantes actuellement sous le régime de l'obligation d'achat soient également incitées à moduler leur production en fonction des besoins.

Cette exigence de plus grande pilotabilité des installations renouvelables est aujourd'hui attestée à la fois pour la gestion de l'équilibre production-consommation, mais aussi pour la gestion des flux sur le réseau »

Ce qui signifie la fin de l'obligation d'achat des ENR fatales(éolien et solaire) et une très forte incitation à ne plus produire en cas de production surabondante. En effet, dans ces conditions, le complément de rémunération n'est pas payé en cas de production ; de plus il existe une prime à la non-production. C'est donc une incitation volontaire à ne pas produire en situation de production excédentaire

Et si l'incitation ne suffit pas ? RTE coupera la production, point !

Extrait : « En tant que responsable in fine de l'équilibre du système électrique, lorsque le fonctionnement normal du marché ne suffit pas à garantir cet équilibre, RTE est habilité à modifier la programmation des unités de production pour assurer la sûreté du système électrique.

Dans ce cadre, RTE peut être amené à ordonner, conformément aux dispositions actuelles du Code de l'énergie, la baisse de production renouvelable en temps réel (celle-ci ne dispose pas d'une « priorité d'injection » en France), comme cela est déjà usuellement le cas pour les unités nucléaires ou thermiques. Au cours de l'été 2024, RTE a annoncé que la situation prévisionnelle d'exploitation rendrait parfois nécessaire l'activation de tels leviers (cas d'abondance de production combinés à des exports massifs). »

Et donc RTE peut le faire, et l'a fait , notamment sur un parc éolien en mer ( Saint- Nazaire ?) : « À ce titre, le 16 juillet à 14 h, RTE a ordonné un passage à la puissance minimale de quatre parcs renouvelables de forte puissance (éoliens et solaire photovoltaïque, pour un total de 1 050 MW) afin de répondre au besoin ponctuel du système électrique. Cet ajustement a été réalisé dans les règles… (cf graphe ci-joint).

Si RTE le publie ainsi, c'est à titre d'avertissement : dans un système qui devient ingérable, tant du point de vue technique qu'économique, les énergies fatales intermittentes devront désormais accepter de « s'effacer » (d'arrêter leur production) en cas de production surabondante. Ce qui va singulièrement compliquer leur équilibre économique déjà précaire !

Si l'on ajoute à cela que la consommation d'électricité demeure en retrait par rapport à ses niveaux d'avant crise (-5 à -10 % selon les mois, en données corrigées des conditions météorologiques) et qu'elle ne semble pas beaucoup augmenter… la conclusion est claire, nous n'avons nullement besoin de 45 GW d'éolien en mer, sans justification climatique, ni économique et qui sont dévastateurs pour nos littoraux, la vie marine qu'ils abritent et les activités économiques locales comme la pêche, le nautisme, le tourisme !

Source RTE, Bilan du fonctionnement du système électrique premier semestre 2024 ; lien

Ci-joint, le fil d'actu sous forme de note.