Siemens Gamesa : les déclarations hallucinantes du ministre Ferracci
Venu inaugurer l'extension de l'usine de Siemens-Gamesa au Havre, avec un beau cadeau de 170 millions de soutien public sur un investissement de 200 millions d'euros (35 millions en financements européens, 80 millions des collectivités locales et 54 millions d'euros en crédit d'impôt ) le ministre Ferracci a multiplié les explications et justifications proprement hallucinantes. 1) Eoliennes de grande puissance ! les catastrophes industrielles en série-dont Siemens Gamesa détient le record ; 2) l'éolien en mer a le vent en poupe ? Défections en séries dans les appels d'offres Royaume-Uni, Danemark , USA ; 3) L'éolien en mer une énergie souveraine ? Fortes dépendances en métaux et matériaux stratégiques; 4) Les critères d'emploi local, aussi une illusion battue en brèche par la Commission européenne ; 5) Une rente de situation pour le lobby éolien au détriment de la réindustrialisation ; 6) Cerise sur le gateau : le balsa !
1)Eoliennes de grande puissance ! les catastrophes industrielles en série dont Siemens-Gamesa détient le record
Siemens Gamesa veut produire dans sa nouvelle extension du Havre des pales d'éoliennes de 115 mètres de long pour une nouvelle génération d'éolienne de 14MW avec un rotor de 236 mètres.
M le Ministre semble oublier que Siemens, a dû être recapitalisé par l'Etat allemand de 15 milliards d'euros en 2023, précisément en raison de problèmes sur les éoliennes, est l'exemple du pire désastre industriel en ce domaine, suivi par General Electric et ses 350 suppressions d'emplois à Nantes et Montoir de Bretagne pour des problèmes sur leurs éoliennes de 12 MW.- présentées alors comme les plus puissantes en occident ( cf les ruptures de pales sur Vineyard et sur Doggerbank). Les assureurs des parcs éolien parlent de course irresponsable et inassurable à la hauteur et à la puissance lien et également la CRE qui mentionne dans les offres éolien flottant des « comportements risqués des candidats » et de « candidats n'anticipant pas de freins technologiques » lien
NB Siemens Gamesa a toujours des procès aux USA pour des défauts sur certaines de ses turbines cf lien
2) l'éolien en mer a le vent en poupe ? Défections en séries dans les appels d'offres
M. le ministre anticipe un bel avenir pour l'éolien en mer, il semble ignorer que l'appel d'offre 2024 du Royaume-Uni n'a couvert qu'un tiers de ce qui était proposé pour l'éolien offshore, malgré une augmentation conséquente des tarifs sur 2023…qui n'avait reçu aucune offre. Lien ; que l'appel d'offre éolien en mer 2024 du Danemark qui devait être le plus important de son histoire ( 6 GW) n'a reçu aucune (zéro! ) offre ! lien. Il semble de même ignorer les annulations et renégociations musclées de contrats aux USA, depuis deux ans, avant même que l'administration Trump décide de mettre fin aux souffrances des promoteurs éoliens et des Etats concernés en décrétant un moratoire sur les nouveaux projets !
3) L'éolien en mer une énergie souveraine ? Fortes dépendances en métaux et matériaux stratégiques
M. le Ministre pense-t-il vraiment renforcer la souveraineté française en favorisant une énergie qui selon les propres mots de Christian Bruch, PDG de Siemens exige dix fois plus de matériaux et métaux stratégiques que le nucléaire- et en fait, concernant certains métaux, c'est plutôt cent à mille fois plus. ( « N'oubliez jamais que les énergies renouvelables comme l'éolien ont besoin, en gros, de 10 fois plus de matériaux que les technologies conventionnelles »). Des métaux, notamment les terres rares, qui sont un quasi-monopole chinois, comme le sont les aimants, les moteurs, les nacelles des éoliennes, avec de forts risques de goulots d'étranglements. lien . Est-ce simplement avec des usines de pales en proie aux difficultés technologiques que l'on espère atteindre la souveraineté énergétique ? Au contraire, la chaine de valeur du nucléaire se situe très majoritairement en Europe, ou, en ce qui concerne l'uranium, présente dans des pays très diversifiés.
4) Les critères d'emploi local, aussi une illusion battue en brèche par la Commission européenne
M Le Ministre met en avant dans les futures d'appels d'offre la possibilité d'inclure des critères d'emplois locaux, qui seraient maintenant autorisés par la NZIA ( Net Zero Initiative Act). Or, la Commission européenne a dit explicitement le contraire : le NZIA ne permettra pas de déroger aux réglementations de l'Organisation Mondiale du Commerce , et spécifiquement en ce qui concerne l'éolien en mer. Comment l'Union Européenne pourrait-elle défendre en Europe des dispositions qu'elle attaque devant l'OMC lorsque d'autre pays veulent y avoir recours comme à Taiwan ou au Royaume-Uni ? Quant aux fameux critères de résilience, ils se contentent de spécifier qu'il ne faut pas dépendre pour les fournisseurs d'une seule usine, ou éventuellement d'un seul pays et ne constituent nullement une garantie de contenu local . lien
Les journalistes qui suivent le sujet sont d'ailleurs de moins en moins dupes ,cf Ouest France À Saint-Nazaire, les nouveaux critères pour l'éolien en mer ne rassurent pas lien
5) Une rente de situation pour le lobby éolien au détriment de la réindustrialisation
M le Ministre, en quoi renforcez-vous la souveraineté industrielle en subventionnant ainsi massivement l'éolien en mer pour une électricité intermittente et fatale, à un coût économiquement non soutenable, sans compter les extensions et congestions de réseaux. Vous ne faites que créer une rente de situation au profit du lobby éolien et au détriment des industries qui ont besoin d'une électricité de base abondante, bon marché, pilotable, disponible 24h/24- les processus industriels ou le numérique ne supportent pas l'intermittence ! Et ces industriels partiront de plus en plus, comme ils ont déjà commencé à le faire.
La désindustrialisation, c'est vous ! Vous ne tirez aucune leçon du passé, c'est l'histoire des subventions massives à fonds perdus et des pertes gigantesques du photovoltaïque qui se répète !
6) Cerise sur le gateau : le balsa !
Le balsa, c’est un peu la spécialité de Siemens Gamesa. Les qualités de légèreté, de souplesse et solidité de ce bois tropical le rendent précieux pour les pales d’éoliennes, surtout les plus grandes. Le dossier d’autorisation environnementale de l’extension de l’usine de Siemens Gamesa mentionne explicitement le balsa parmi les intrants de l’usine lien
Le groupe éolien germano-espagnol a consommé près de 26 000 tonnes de balsa en 2021 (soit environ 170 000 m³) ; les trois pales de 81 mètres de long de la génération précédente d’ éoliennes offshore de Siemens Gamesa contiennent au total près de 6 tonnes de balsa (approx. 40 m³). Cela correspond à environ 40 arbres. S’il se confirme que les pales de 125 mètres de long contiennent aussi du balsa , la déforestation en Amazonie liée à l’activité éolienne, déjà conséquente, empirera. Bravo pour le côté écologique des éoliennes !