Tempêtes Darragh, Malik, Eunice, Ciaran et zones industrielles éoliennes : on n’industrialise pas impunément le littoral !
Tempête Darragh (décembre 2024) : la barge folle qui a traversé la Manche et ses zones éoliennes et le pétrolier dérivant près de Saint-Brieuc, le chimiquier dérivant près de Fécamp ; Tempête Ciaran (2 november 2023) : Robin des Bois dénonce une situation dangereuse et parfaitement prévisible à proximité de la zone éolienne de Courseulles ; Tempête Eunice (17 février 2022) : un pétrolier et un cargo dans les zones industrielles belges et néerlandaises ; Tempête Malik (31 janvier 2022) : le Julietta D avec une voie d'eau percute des éoliennes néerlandaises.
Tempête après tempête, avec l'industrialisation à marche forcée du littoral par l'industrie éolienne, la question n'est plus de savoir si de nouvelles catastrophes et marées noires, dont nous avions réussi à nous débarrasser, réapparaitront, mais quand. Quel gâchis pour un programme éolien en mer insensé de 45 GW, sans intérêt climatique dans le contexte français, dangereux pour la sécurité d'alimentation électrique, économiquement et socialement insoutenable.
Tempête Darragh (decembre 2024) : la barge folle qui a traversé la Manche et ses zones éoliennes
Le vendredi 06 décembre dans la soirée, le remorqueur Boka Glacier battant pavillon maltais, qui se trouvait alors à l'Est de l'île de Wight pour s'abriter de la tempête Darragh, rompt sa remorque avec une de ses barges, l'AMT Challenger. La barge qui mesure 122 m de long et plus de 36 m de large a alors commencé à dériver dans les eaux britanniques sans avoir pu être récupérée par les Garde-Côtes britanniques . Finalement, Dimanche 08 décembre dans la matinée, une équipe de quatre manœuvriers a été hélitreuillée à bord de la barge par l'hélicoptère Dauphin de la Marine nationale basé au Touquet. À 12h, la barge se situait au large entre Dieppe et Saint-Valery-en-Caux Elle s'est échouée dimanche 8 décembre 2024 à Sotteville-sur-Mer.
Une barge folle, à la dérive depuis à la dérive depuis l'île de Wight a effectué une traversée complète de la Manche avec au passage le rail maritime du Pas de Calais et les zones éoliennes britanniques et françaises. Ça c'est à peu près bien passé cette fois-ci, qu'en sera-t-il avec beaucoup plus d'éoliennes ? lien
Tempête Darragh (décembre 2024) : le pétrolier dérivant près de Saint-Brieuc et le chimiquier dérivant près de Fécamp.
Le Larus, un pétrolier de 100 mètres, vide de cargaison, avec 13 personnes à bord, était au mouillage dans la baie de Saint-Brieuc depuis le 9 novembre, date à laquelle il avait déclaré une avarie alors qu'il naviguait dans le dispositif de séparation de trafic d'Ouessant. Depuis cette date, il attendait l'arrivée du remorqueur qui doit l'amener jusqu'en Estonie pour y effectuer ses réparations. Le 7 décembre à 16h50, dans des conditions météorologiques très dégradées liées à la tempête Darragh, le Larus signale au Cross Corsen que son ancre chasse et qu'il dérive lentement vers la côte. Le préfet maritime a sollicité l'appui du port de Saint-Malo et d'un de ses remorqueurs pour l'assistance du navire. Après avoir appareillé vers 21 h, celui-ci est contraint de renoncer par les conditions météorologiques et retourne vers le port. L'Abeille Bourbon réussit finalement sa prise en charge et à l'amener à Brest. Le Marin lien
Le même article du Marin révèle que les Abeilles sont également intervenues sur un chimiquier danois, Oracliff, transportant de l'huile alimentaire, en dérive à environ 40 milles au nord-est de la pointe de Barfleur (Manche). L'Opération devait être menée par un remorqueur belge, mais une avarie a conduit à annuler l'opération. C'est finalement l'Abeille Loberté qui a réalisé un remorquage jusqu'au Havre.
L'Association MOR-Glaz fait remarquer que, du coup, la pointe Bretagne est restée durant plusieurs jours dans une période critique sans l' Abeille Bourbon, occupé en Manche, et constate que ce week-end tempétueux aura été une belle piqûre de rappel pour ceux qui trouvaient il y a quelques années que les moyens mis à la disposition des Préfets Maritimes pour effectuer des Missions de Sauvetage en Mer étaient trop importants ; lien
Ça c'est à peu près bien passé cette fois-ci, qu'en sera-t-il avec l'extension des zones éoliennes normandes et bretonnes?
Et pour rappel ;
Tempête Ciaran (2 november 2023) : Robin des Bois dénonce une situation dangereuse et parfaitement prévisible près de la zone éolienne de Courseulles et demande la sanctuarisation de la zone de Tatihou
« Du jamais vu, plus de 80 navires de commerce dont une douzaine de pétroliers et chimiquiers et une quinzaine de porte-conteneurs se sont abrités dans la nuit du mercredi 1er au jeudi 2 novembre 2023 en baie de Seine dans la zone refuge dite de Tatihou ou de Saint-Vaast-la-Hougue connue par les armateurs et les commandants du monde entier.
En 2015, l'annexe 22 du dossier d'enquête publique du parc éolien offshore de Courseulles-sur-Mer–Port-en-Bessin disait qu'en théorie, la zone refuge comporte 60 positions de mouillage, qu'en pratique elle était utilisée par un ou deux cargos, quelques soient les conditions météorologiques… Ces déclarations fallacieuses ont été reprises en 2017 par les services de l'Etat et Eoliennes offshore du Calvados, filiale d'EDF Energies Nouvelles dans le cadre du recours déposé par huit associations dont Robin des Bois devant le tribunal administratif de Nantes. Il s'avère qu'en fait la zone refuge de la baie de Seine est couramment utilisée en cas d'avis… Selon le mémoire en défense n°2 d'EDF Energies Nouvelles, "l'hypothèse exceptionnelle d'un déradage (dérive incontrôlée) d'un navire au mouillage vers les installations du parc éolien offshore fera l'objet de procédures d'urgence définies par la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord basée à Cherbourg". Six ans après, alors que les travaux ont commencé, ces procédures d'urgence ne sont toujours pas connues.
Il est carrément absurde d'avoir décidé de construire une usine éolienne offshore dans une baie refuge connue et appréciée des navigants du monde entier pour la relative accalmie des vents. Robin des Bois souhaite que ce projet éolien offshore soit abandonné et qu'au vu de la violence et de la fréquence des avis de tempêtes extrêmes en mer du Nord, dans la Manche et dans le golfe de Gascogn ette zone refuge soit agrandie et sanctuarisée pour permettre aux navires montant et aux navires descendant de se mettre à l'abri. lien
Tempête Eunice (17 février 2022) : un pétrolier et un cargo dans les zones industrielles éoliennes belges et néerlandaises.
Le 17 février 2022, deux bateaux, un pétrolier et un bateau cargo, se sont laissé dériver jusque dans des zones éoliennes, au large de la Côte belge et des Pays-Bas, dans l'attente de la fin de la tempête Eunice. Le cargo a finalement pu rentrer dans un port néerlandais mais le Maersk nimbus est, lui, resté bloqué dans le parc offshore belge. Plusieurs remorqueurs ont déjà tenté d'atteindre le pétrolier vendredi soir mais ont dû faire demi-tour en raison de la force des éléments. Le vent soufflait en effet à plus de 90 km/h (force de 10 Beaufort), tandis que les vagues atteignaient jusqu'à 10 mètres de hauteur. Un remorqueur néerlandais essaie à présent de dégager le Maersk nimbus, mais ce n'est pas évident d'entrer en contact avec le navire.
Il a fallu finalement deux remorqueurs pour dégager le Maersk nimbus du parc éolien. Celui-ci contenait 31000 tonnes de carburant. Lien Là, ça a failli vraiment très mal se passer !
Tempête Malik (31 janvier 2022) : le Julietta D avec une voie d'eau percute des éoliennes néerlandaises
Au passage de la tempête Malik, le vraquier Julietta D dont l'ancrage avait lâché, a percuté un chimiquier dans la zone de mouillage d'Ijmuiden, aux Pays-Bas. Après l'évacuation de l'équipage, le cargo en perdition a dérivé dans le parc éolien en construction Hollandse Kust Zuid où il a endommagé les fondations de la sous-station électrique et celle d'une turbine.
On l'a échappé belle ce lundi 31 janvier 2022 dans la Mer du Nord au passage de la tempête Malik. Le Julietta D, un vraquier de 37 200 TPL battant pavillon maltais et appartenant à l'Alliance maritime, se trouvait au mouillage à Ijmuiden quand son ancrage a cédé. Voguant à la dérive, il a heurté le chimiquier de 13 000 TPL Pechora Star. Une voie d'eau s'étant ouverte dans la coque du navire, le capitaine a demandé l'évacuation de l'équipage. Les 18 marins ont alors été secouru à bord de deux hélicoptères. Sans pilote à bord, le cargo a continué à dériver pendant plusieurs heures entre les éoliennes en chantier du projet offshore Hollandse Kust Zuid.
Là aussi, ça a failli très mal se passer ! lien
Tempête après tempête, avec l'industrialisation à marche forcée du littoral par l'industrie éolienne, la question n'est plus de savoir si de nouvelles catastrophes et marées noires, dont nous avions réussi à nous débarrasser, réapparaitront, mais quand. Quel gâchis pour un programme éolien en mer insensé de 45 GW, sans intérêt climatique dans le contexte français, dangereux pour la sécurité d'alimentation électrique, économiquement et socialement insoutenable, ravageur pour nos paysages littoraux et leur riche biodiversité et mettant en péril des activités comme la pêche côtière artisanale, le nautisme, le tourisme…