Vents contraires pour l’éolien en mer : le naufrage d’Oléron, appel d’offre éolien flottant en Norvège en berne, amendes records pour l’offshore suédois
Naufrage annoncé pour le projet de parc éolien au large d'Oléron ; en Norvège grosses difficultés pour le premier appel d'offre éolien flottant industriel; en Suède, les amendes pour défaut de prévision de la production des parcs éolien en mer mettent financièrement les exploitants en difficulté. ce manque prévisibilité constitue un risque majeur pour la stabilité du réseau qui se posera dans tous les pays développant l'éolien en mer
1) Naufrage annoncé pour le projet de parc éolien au large d'Oléron ( La Tribune, lien )
Extraits : « C'est presque terminé pour l'AO7, l'appel d'offres pour développer un parc éolien en mer au large de l'île d'Oléron, sur la façade Atlantique française. Selon nos informations, il ne reste - au mieux - qu'un candidat dans la course, ce qui compromet sérieusement le processus de mise en concurrence défini par la Commission de régulation de l'énergie (CRE). D'ici à quelques semaines, elle pourrait soit conclure à l'échec de l'AO7 si le candidat restant ne remplit pas les critères, soit le considérer comme vainqueur.
L'alerte sonnée par les développeurs d'énergie renouvelable était donc fondée : le prix plafond proposé par l'État pour la vente de l'électricité produite, fixé à 100 euros le mégawattheure (MWh), s'est révélé beaucoup trop bas au vu de la complexité du parc.À quarante kilomètres au large des côtes charentaises, l'installation éolienne aurait été la plus profonde au monde, avec une hauteur sous-marine de 70 mètres. Faisable techniquement, répondent certaines entreprises, à condition d'y mettre les moyens comme jamais.
Ces derniers mois, les grands noms se sont désistés un à un : TotalEnergies, RWE, Skyborn-Cobra, Iberdrola ou encore Qair. Même EDF a suspendu sa candidature… Le seul qui resterait en course serait Ocean Wind
Il y a de forts enjeux environnementaux avec le passage d'oiseaux migrateurs, ce qui imposerait de brider les éoliennes à certaines périodes. Quant au gisement de vent sur place, il n'est pas extraordinaire », éclaire François Daumard, président de l'entreprise Valeco, qui avait examiné l'appel d'offres sans poser de candidature.
#PIEBÎEM : PIEBÎEM s'en réjouit, évidemment. Epilogue d'une déroute annoncée dans notre fil d'actu du 28 mai lien Oléron devait être le modèle de concertation, l'éolien en mer développé en harmonie ; c'est en fait la preuve que les côtes françaises rocheuses et pentues ne sont pas du tout favorables au développement de l'éolien en mer. L'éloignement préconisé conduit à de grandes difficultés sur l'appel d'offre…
2) En Norvège, grosses difficultés pour le premier appel d'offre éolien flottant lien
Le ministère norvégien de l'Énergie a relancé un appel d'offres pour trois sites éoliens flottants offshore dans la région d'Utsira Nord, d'une capacité totale de 1,5 GW. Le gouvernement norvégien propose trois appels d' offre de 500 MW en deux étapes. à savoir l'attribution des sites de projets et les aides d'État (plafonnées à 35 milliards de couronnes norvégiennes -3 milliards d'euros)
La Norvège a d'abord ouvert les appels d'offres pour la zone d'Utsira Nord en mars 2023, mais a ensuite reporté les enchères au premier trimestre 2024, puis elles ont été repoussées à 2025.
Et ca se passe plutôt mal : un jour après que l'électricien norvégien Statkraft a annoncé qu'il se retirerait de cet appel d'offres phare de l'éolien offshore flottant du pays, une décision similaire de Corio Generation a soulevé de sérieuses questions sur la capacité de la Norvège à organiser un appel d'offres.
#PIEBÎEM : l'éolien flottant, c(est pas si facile, ça coûte très cher pour une énergie inutile en France, comme ne Norvège
3) En Suède, la sanction de l'imprévisibilité de la production éolienne en mer entraine des amendes records et des faillites de parcs éoliens en mer lien
Pour protéger l'équilibre du réseau, comme tout producteur d'électricité, les centrales éoliennes en mer comme sur terre doivent déclarer leurs estimations de production. Sauf que sur mer, la taille des zones éoliennes industrielles et la variabilité du vent fait que les estimations se plantent, et dans de grandes largeurs. Le gestionnaire de réseau suédois a décidé de réagir.
Ainsi, en mars, des vents forts ont provoqué une surproduction de la zone éolienne offshore de Nyvallsåsen à Hudiksvall (1,5GW). Faute de prévision correcte, Nyvallsåsen a reçu une facture de plus d'un demi-million de couronnes (à peu près 45.000 euros) –qui dépasse de loin les revenus générés au cours du même mois. « Le vent soufflait peut-être à dix mètres par seconde au lieu de huit mètres par seconde. C'est complètement absurde » s'indigne l'exploitant. En conséquence, Nyvallsåsen, a décidé la fermeture de son parc éolien.
Plusieurs acteurs majeurs de l'éolien , dont Fortum et Vattenfall, ont averti le gestionnaire de réseau suédois Svenska kraftnät que ce type de problèmes et l'éventualité de faillites se poserait de plus en plus souvent à la suite des nouvelles règles de sanction. Chez Svenska kraftnät, on affirme que les changements sont nécessaires pour assurer la pérennité du système électrique, mais on admet en même temps que l'évolution est inquiétante. Un gros bras de fer s'annonce !
#PIEBÎEM : Ces défauts de prévision de la production électrique par les ENR ont failli récemment entrainer un black out en Angleterre le jeudi de l'ascension (voir notre fil d'actu lien ). Ce manque de prévisibilité intrinsèque des productions ENR, aggravé pour l'éolien en mer par la taille des parcs et la variabilité intrinsèque du vent présente de sérieux risques pour la fiabilité des réseaux. En France aussi, RTE envisage des sanctions ; si elles sont à la hauteur du problème, elles obéreront sérieusement la rentabilité de l'éolien en mer déjà flageolante.