Zone éolienne Bretagne Sud- BayWa r.e. change de propriétaire- quelles conséquences ?

25/02/2025

Vu les difficultés de BayWa et de sa filiale renouvelable BayWa r.e., c'est la chronique d'un changement annoncé ; lestée de 4 milliards de dettes, la filiale renouvelable BayWa r.e. a été bradée d'urgence à EIP (Energy Infrastructure Partners) qui passe d'actionnaire minoritaire à majoritaire. Quelles conséquences pour Bretagne sud ? EIP parait décidé à nettoyer sévèrement le portefeuille de BayWa r.e.   Les conditions rocambolesques de l'attribution de Bretagne sud, avec une erreur manifeste de la CRE sur la solidité financière du vainqueur par défaut et des conditions tarifaires qui ont suscité l'inquiétude et les avertissements du lobby européen Wind Europe en font un bon candidat à l'abandon.

BayWa r.e. bradé d'urgence avec 4 milliards de dettes

Vu les difficultés de BayWa et de sa filiale renouvelable BayWa r.e. cf notre fil d'actu , c'est la chronique d'un changement annoncé : BayWa .r.e change de propriétaire. Il a en effet été annoncé le 24 février que les actionnaires du développeur allemand BayWa r.e., BayWa AG et Energy Infrastructure Partners (EIP), se sont mis d'accord sur un renforcement de EIP au sein de BayWa r.e.

La situation devenait vraiment intenable : au cours des neuf premiers mois de 2024, le groupe Baywa avait enregistré une perte nette de près de 641 millions d'euros. Baywa r.e. était sa principale filiale à problème avec des dettes de plus de 4 milliards d'euros, selon le seul bilan semestriel 2024. Lien  lien

Moyennant un capital supplémentaire de 150 millions d'euros, EIP devient donc le nouvel actionnaire majoritaire de BayWa r.e. avec une participation de 65 %, tandis que BayWa AG conserve 35 %. Cette étape reste encore soumise à l'approbation des autorités antitrust. … Selon l'ancienne maison mère, BayWa r.e. a besoin d'environ 435 millions d'euros d'argent frais d'ici 2028, l'activité de revente de projets d'énergie renouvelable étant actuellement au point mort. 

En guise de cadeau, BayWa renonce à 350 millions d'euros d'un prêt d'actionnaire à BayWar r.e.. ce qui retardera de près d'un an l'assainissement du groupe. L'avantage : BayWa AG n'a donc plus besoin de consolider dans son bilan la société BayWa r.e., très gourmande en capital.

BayWa r.e. a été très tôt sur la liste des ventes de BayWa en crise, car elle pesait lourdement sur le bilan de la maison mère et augmentait sans cesse le poids de ses dettes. Mais le conseil d'administration a hésité, car il espérait obtenir un produit plus élevé à une date ultérieure lien . BayWa r.e. a donc été en quelque sorte bradé d'urgence, ce qui laisse des doutes sur la qualité de son portefeuille de projets

Conséquences pour Bretagne sud ? EIP décidera-t-il d'arrêter les frais ?

Energy Infrastructure Partners est l'un des principaux investisseurs mondiaux dans les infrastructures axées sur la transition énergétique- elle gère des infrastructures énergétiques d'une valeur de 7,5 milliards d'euros et prendra certainement des décisions rapides sur le portefeuille de BayWa r.e. D'ailleurs, elle vient d'annoncer la vente de l'activité Solar Trade. Lien 

Qu'en sera-t-il de Bretagne sud pour la partie AO5 ? Lors de son attribution agitée, avec renoncement du candidat sélectionné et l'annonce d'un prix à (86,45 €/MWh), le lobby Wind Europe lui-même avait averti que ce prix ne saurait constituer une référence et qu'il s'agit d'un choix technologique très risqué et qui oblige pratiquement à recourir à des turbines étrangères. Lien 

PIEBÎEM rappelle que la CRE (Commission de Régulation de l'Energie) avait, sans en tirer véritablement les conséquences, alerté sur le manque de rigueur du critère « robustesse du montage contractuel et financier » et « sur des paris technologiques intégrant des hypothèses incertaines », ainsi que sur des calculs de rentabilités à long terme laissés un peu trop à la fantaisie des candidats. lien  ; lien 

Dans ce contexte, il est tout à fait possible que EIP décide d'arrêter les frais. En tout état de cause, comme PIEBîEM l'a rappelé plusieurs fois, l'attribution d'AO5 témoigne d'une véritable erreur manifeste d'appréciation de la CRE quant à la solidité financière du consortium sélectionné.

PIEBÎEM rappelle également que le projet Bretagne sud bénéficie d'une aide d'Etat (de l'Etat français, donc des contribuables) de 2 milliards d'euros ( pour 11 à 20 éoliennes) en garantie de revenus, approuvée par l'Union Européenne, que cette aide a été jugée cruciale par la Commission Européenne pour la réalisation du projet, mais qu'elle est conditionnée à l'absence de difficultés financières des porteurs de projets- ce qui de façon évidente n'est pas le cas.

Nous verrons ce qu'en dira le Conseil d'Etat…